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.— Alors espérons qu’elles soient entendues, dit-il en riant.Donne-la-moi, Seigneur Derfel, sans quoi tu connaîtras la plus lente des morts.J’ai des hommes qui savent écorcher un homme pouce par pouce jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un lambeau de chair sanguinolente.Mais il peut encore tenir debout, et même marcher ! » Il flatta l’encolure de son cheval de sa main gantée de noir, puis me sourit à nouveau.« J’ai étouffé des hommes dans leur merde, Seigneur Derfel, j’en ai enseveli sous des pierres, j’en ai brûlé vifs, j’en ai enterré vivants, j’en ai allongé dans des nids de vipères, j’en ai noyé, j’en ai fait mourir de faim ou d’épouvante.Beaucoup de morts intéressantes, mais donne-moi simplement la princesse Ceinwyn, et je te promets une mort aussi rapide que la chute d’une étoile filante.»Ceinwyn avait commencé à se diriger vers l’ouest.Mes hommes avaient empoigné la litière de Merlin, leurs manteaux, leurs armes et leurs paquetages pour la suivre.Je levai les yeux vers Diwrnach.« Un jour, Seigneur Roi, je jetterai votre tête dans une fosse et l’enfouirai dans la merde d’un esclave.» Et je m’éloignai.Il partit d’un grand éclat de rire.« Du sang, Seigneur Derfel ! Du sang ! cria-t-il dans mon dos.C’est la nourriture des Dieux et tu feras un riche breuvage ! Je le ferai boire à ta femme dans ma couche ! » Sur ce, il donna un coup d’éperons et fila rejoindre ses hommes.« Soixante-quatorze, me dit Galahad quand je fus à ses côtés.Soixante-quatorze lances.Et nous sommes trente-six, un mourant et deux femmes.— Ils n’attaqueront pas tout de suite, le rassurai-je.Ils attendront que nous ayons découvert le Chaudron.»Ceinwyn devait se geler dans sa robe légère et sans bottes, mais elle suait à grosses gouttes comme en plein été tout en vacillant à travers l’herbe.Elle avait du mal à tenir debout et se contractait comme moi au sommet du Dolforwyn après que j’eus vidé la coupe d’argent.Mais Nimue était à côté d’elle, lui parlant et la soutenant.Et, assez curieusement, elle l’éloignait de la direction qu’elle voulait prendre.Les cavaliers noirs de Diwrnach marchaient au même rythme que nous, formant autour de notre petite troupe un vague cercle de Bloodshields qui se déplaçait à travers l’île.Malgré ses vertiges, Ceinwyn marchait presque au pas de course maintenant.Elle semblait à peine consciente et prononçait des mots que je ne saisissais pas.Son regard était vide.Nimue ne cessait de la tirer de côté, l’obligeant à suivre le chemin de moutons qui serpentait au nord vers le tertre couronné de pierres grises.Mais plus nous approchions de ces rochers hauts couverts de lichen, plus Ceinwyn résistait.Nimue était obligée de déployer des trésors d’énergie pour la maintenir sur cette sente étroite.Les premiers cavaliers noirs avaient déjà dépassé le tertre, qui, comme nous, se trouvait maintenant enfermé dans leur cercle.Ceinwyn geignait et protestait, puis elle se mit à frapper les mains de Nimue.Mais Nimue la retenait fermement et l’entraînait.Les hommes de Diwrnach ne nous quittaient pas d’une semelle.Nimue attendit l’endroit où le sentier était le plus près de la crête de rochers, puis laissa enfin filer Ceinwyn.« Aux rochers ! cria-t-elle d’une voix perçante.Tous ! Aux rochers ! Courez ! »Nous courûmes.C’est alors que je vis ce qu’avait fait Nimue.Diwrnach n’osait pas porter la main sur nous avant de savoir où nous allions.Et s’il avait vu Ceinwyn se diriger vers le tertre rocailleux, il aurait certainement posté une douzaine de lanciers au sommet, puis envoyé le reste de ses hommes nous capturer.Mais maintenant, grâce à la ruse de Nimue, nous serions protégés par ces gros blocs escarpés de pierre roulée, par ces mêmes blocs qui, si Ceinwyn ne s’était pas trompée, avaient protégé le Chaudron de Clyddno Eiddyn pendant ces quatre siècles et demi de ténèbres de plus en plus épaisses.« Vite ! » hurlait Nimue, tandis que les cavaliers fouettaient leurs poneys pour refermer leur cercle autour de nous.« Vite ! » hurla de nouveau Nimue.J’aidais à porter Merlin.Déjà , Ceinwyn escaladait les rochers tandis que Galahad criait à ses hommes de se poster derrière les blocs de manière à pouvoir se servir de leurs lances.Issa restait à mes côtés, sa lance prête à étriper tout cavalier qui s’approcherait de trop près.Gwilym et trois autres hommes nous débarrassèrent de Merlin pour le porter au pied des rochers au moment même où les deux Bloodshields de tête arrivaient à notre hauteur.Ils nous défièrent tout en éperonnant leurs poneys, mais je repoussai la lance du premier avec mon bouclier, puis lançai ma lance dont la lame d’acier s’abattit comme un gourdin sur le crâne du poney.L’animal hurla et s’affala sur le côté.Issa enfonça sa lance dans le ventre du cavalier tandis que je frappais de la mienne le second cavalier.La hampe de sa lance heurta la mienne et il passa devant moi, mais je parvins à empoigner ses longs rubans dépenaillés pour le faire basculer de sa monture.Il se débattit un instant.Je mis une botte en travers de sa gorge, levai ma lance et le frappai en plein cœur.Sa tunique en haillons recouvrait un plastron de cuir, mais la lame le perça d’un seul coup.Soudain, sa barbe noire se mit à mousser d’une écume sanglante.« Arrière ! » nous cria Galahad.Issa et moi lançâmes nos boucliers et nos lances vers les hommes déjà postés en sécurité au sommet des rochers avant de poursuivre l’escalade.Une lance noire se brisa sur les rochers à côté de moi, puis une main forte se tendit vers moi, me saisit par le poignet et me hissa.Merlin avait été pareillement hissé à travers les rochers et sans cérémonie abandonné au centre du sommet où, telle une coupe couronnée d’un cercle d’énormes pierres roulées, se trouvait une profonde cuvette de pierre.Ceinwyn se trouvait dans ce bassin, jouant frénétiquement des pieds et des mains comme un chien au milieu des cailloux qui emplissaient la coupe.Elle avait vomi et ses mains fouillaient au milieu de ses vomissures et des petits cailloux glacés.Le tertre était un lieu idéal pour assurer notre défense.L’ennemi ne pouvait escalader les rochers qu’avec les pieds et les mains tandis que nous pouvions nous planquer dans les anfractuosités de la roche pour les recevoir sitôt qu’ils pointaient leur nez.Quelques-uns essayèrent de grimper jusqu’à nous.Un hurlement s’élevait à chaque fois que nos lames leur entaillaient le visage.Ils lancèrent une pluie de javelines, mais nous tenions nos boucliers au-dessus de nos têtes, et les armes se brisèrent sans nous atteindre.Je postai six hommes dans le creux central.De leurs boucliers, ils firent un rempart pour protéger Merlin, Nimue et Ceinwyn tandis que d’autres lanciers gardaient le bord extérieur du sommet.Abandonnant leurs poneys, les Bloodshields tentèrent une nouvelle attaque.L’espace de quelques instants, nous fûmes tous occupés à donner des coups de poignard et de lance.Au cours de cette brève échauffourée, l’un de mes hommes eut le bras entaillé par une lance
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