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.« Moi non plus je n’en ai pas envie, Derfel, mais je veux Arthur.Et ce qu’il désire, je le lui donnerai.Je lui dois un peu de bonheur, non ?— Il veut abandonner le pouvoir ? » demandai-je, et elle hocha la tête.Arthur parlait depuis toujours de son rêve d’une vie simple avec une épouse, une famille et des terres.Il voulait un manoir, une palissade, une forge et des champs.Il se voyait en propriétaire terrien, sans autre souci que les oiseaux qui lui voleraient ses semences, les daims qui mangeraient ses épis et la pluie qui gâterait sa moisson.Il nourrissait ce rêve depuis des années et maintenant qu’il avait battu les Saxons, il en ferait une réalité, semblait-il.« Meurig veut aussi qu’Arthur renonce à son pouvoir, dit Guenièvre.— Meurig ! » Je crachai.« Pourquoi nous soucier de ce que veut Meurig ?— C’est le prix que celui-ci a exigé avant de laisser son père lancer l’armée du Gwent dans la guerre.Arthur ne te l’a pas dit avant la bataille parce qu’il savait que tu discuterais avec lui.— Mais pourquoi Meurig souhaite-t-il qu’Arthur renonce à son pouvoir ?— Parce qu’il croit que Mordred est chrétien, répondit Guenièvre avec un haussement d’épaules, et parce qu’il veut que la Dumnonie soit mal gouvernée.Il aurait ainsi une chance de s’emparer, un jour, de ce trône.C’est un petit crapaud plein d’ambition.» Je le traitai de bien pire et Guenièvre sourit.« Cela aussi, dit-elle, mais ce qu’il a exigé, il doit l’obtenir, aussi Arthur et moi, nous nous installerons en Silurie où Meurig peut avoir l’œil sur nous.Cela m’est égal de vivre à Isca.Ce sera mieux que dans un manoir qui tombe en ruines.Il y a de beaux palais romains dans cette ville entourée de très bons terrains de chasse.Nous emmènerons quelques lanciers.Arthur ne pense pas que ce soit nécessaire, mais il a des ennemis et il lui faut une petite troupe de soldats.»J’arpentai la pièce de long en large.« Mais Mordred ? On va le laisser gouverner ?— C’est le prix qu’il a fallu payer pour l’armée du Gwent, et si Argante doit épouser Mordred, il faut que celui-ci récupère le pouvoir, sinon Œngus n’acceptera jamais le mariage.Ou du moins, il faut rendre une partie de son pouvoir à Mordred, et elle le partagera avec lui.— Tout ce qu’Arthur a accompli s’effondrera !— Arthur a libéré la Dumnonie des Saxons et il n’a pas envie de régner.Tu le sais, et moi aussi.Ce n’est pas ce que je désire, Derfel.J’ai toujours voulu qu’Arthur soit un grand roi et que Gwydre lui succède, mais il s’y refuse et ne se battra pas pour cela.Il veut la tranquillité, il me l’a dit.Et s’il ne gouverne pas la Dumnonie, alors autant que ce soit Mordred qui le fasse.L’insistance du Gwent et le serment d’Arthur à Uther le garantissent.— Alors, il va livrer la Dumnonie à l’injustice et à la tyrannie, protestai-je.— Non, car Mordred n’aura pas la totalité du pouvoir.» Je la regardai, devinant à sa voix que je n’avais pas tout compris.« Poursuivez, dis-je, avec circonspection.— Sagramor restera.Les Saxons sont vaincus, mais il y a encore une frontière, et pour la garder, nul ne vaut le Numide.Ce qui reste de l’armée de Dumnonie jurera fidélité à un autre homme que le roi.Mordred gouvernera en tant que souverain, mais il n’aura pas de lances, et un homme sans lances n’a pas de réel pouvoir.Sagramor et toi le détiendrez.— Non ! »Guenièvre sourit.« Arthur savait que tu répondrais cela, c’est pourquoi j’ai dit que je te persuaderais.— Dame.commençai-je à protester, mais elle leva la main pour me faire taire.— Tu gouverneras la Dumnonie, Derfel.Mordred sera roi, mais tu auras les lances, et l’homme qui commande aux lances gouverne.Il faut que tu le fasses pour Arthur, car il ne pourra quitter la Dumnonie la conscience tranquille que si tu acceptes.Alors, donne-lui la paix, fais-le pour lui et, peut-être.- elle hésita – pour moi ? Je t’en prie ? »Merlin avait raison.Ce que femme veut, elle l’obtient.Et ce fut à moi de gouverner la Dumnonie.Taliesin composa une ballade en l’honneur du Mynydd Baddon.Il la fit exprès à l’ancienne mode, dans une versification simple qui vibrait de drame, d’héroïsme et de grandiloquence.C’était un très long chant, car il fallait attribuer au moins un demi-vers louangeur à chaque guerrier valeureux, et nos chefs avaient droit à une strophe entière.Après la bataille, Taliesin rejoignit la maisonnée de Guenièvre et rendit judicieusement son dû à sa protectrice en décrivant à merveille les chariots dévalant la pente à toute allure avec leur chargement en feu ; mais il évita toute allusion au sorcier saxon qu’elle avait tué d’une flèche.Il compara ses cheveux roux à l’orge mûre trempée de sang dans laquelle mouraient les Saxons, et bien que je n’aie vu aucune tige d’orge sur le champ de bataille, cette image était une trouvaille.Il fit de la mort de Cuneglas, son ancien protecteur, un chant funèbre lent dans lequel le nom du roi mort revenait comme un roulement de tambour, et de la charge de Gauvain il tira un récit à donner la chair de poule de l’assaut livré à l’ennemi par les âmes spectrales de nos lanciers morts, venus du pont des épées pour l’attaquer par le flanc.Il fit la louange de Tewdric, se montra gentil envers moi et rendit honneur à Sagramor, mais par-dessus tout, sa ballade fut une célébration d’Arthur.Arthur qui inonda la vallée du sang saxon, Arthur qui tua le roi ennemi, Arthur qui fit trembler tout le Llœgyr de terreur.Les chrétiens détestèrent la ballade de Taliesin.Ils composèrent leurs propres chants dans lesquels c’était Tewdric qui battait les Saxons.Le Seigneur Dieu Tout-Puissant, y proclamaient-ils, avait entendu les supplications de Tewdric et envoyé l’armée céleste sur le champ de bataille, où Ses anges avaient combattu les Saïs avec leurs épées de feu.Arthur en était absent, aucun crédit n’était accordé aux païens dans la victoire, et aujourd’hui encore, il y a des gens qui déclarent que notre chef n’était même pas présent au Mynydd Baddon.Un chant chrétien attribue la mort d’Aelle à Meurig, alors que ce dernier n’était pas là, mais chez lui, dans le Gwent.Après la bataille, il récupéra le trône et Tewdric retourna dans son monastère où il fut déclaré saint par les évêques du pays.Arthur était beaucoup trop occupé cet été-là pour prêter attention aux chansons ou aux saints.Dans les semaines qui suivirent la bataille, nous reprîmes d’immenses parties du Llœgyr, mais pas tout, et nombre de Saxons restèrent en Bretagne.Plus nous allions dans l’est, plus leur résistance devenait opiniâtre aussi, à l’automne, l’ennemi fut parqué dans un territoire qui ne faisait que la moitié de celui qu’il possédait précédemment.Cerdic nous paya tribut cette année-là, et promit de faire de même pendant dix ans, mais il ne tint pas parole.Au contraire, il accueillit chaque bateau qui franchissait la mer et reconstitua lentement ses forces.Le royaume d’Aelle fut divisé.La partie méridionale revint à Cerdic, alors que le nord se morcela en trois ou quatre petits royaumes pillés sans merci par l’Elmet, le Powys et le Gwent.Les milliers de Saxons qui résidaient dans les nouveaux territoires de la Dumnonie orientale vinrent ainsi se ranger sous la domination bretonne.Arthur voulait que nous repeuplions ce pays, mais peu de Bretons étaient prêts à s’y établir, aussi les Saxons y demeurèrent et le cultivèrent, en rêvant du jour où leurs rois reviendraient.Sagramor gouverna de fait ces territoires reconquis.Les chefs saxons savaient que leur souverain était Mordred, mais durant les premières années qui suivirent la bataille du Mynydd Baddon, c’est au Numide qu’ils rendirent hommage et payèrent les impôts [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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