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.Cette seule pensée lui donna envie de rire tout haut, mais la sacristie était un lieu bien trop sobre pour y manifester ainsi sa joie, alors il se retint, ravala son rire et son espoir secret.Tandis que tout le monde s’abritait de la pluie, Gwen Nicholson se faisait tremper jusqu’aux os.Elle se trouvait toujours dans la cour, derrière la ferme, et tentait d’amadouer le poney d’Amélia pour le faire rentrer dans la grange.Le tonnerre avait effrayé ce stupide animal qui ne voulait pas bouger d’un pouce.À présent Gwen était trempée et furieuse.— Vas-tu venir ici, sale bête ? hurla-t-elle pour couvrir le vacarme de l’orage.La pluie cinglait la cour et lui martelait le crâne.Ses cheveux étaient aplatis.— Allons, viens là ! Allons, viens !Le poney refusait de faire un pas.Le croissant blanc de ses yeux montrait sa frayeur.Plus le tonnerre grondait et crépitait dans la cour et moins il voulait bouger.D’un geste furieux, Gwen lui frappa la croupe, plus fort que nécessaire, vraiment.L’animal avança alors de quelques pas, tout en lâchant un crottin fumant, et Gwen saisit l’avantage.Une fois qu’il s’était ébranlé, elle pouvait le traîner le reste du chemin.— Fait bien chaud dans la grange, lui promit-elle ; avance, c’est mouillé dehors, tu ne vas pas rester dehors !La porte de la grange était légèrement entrouverte.Sûr que c’était une invitation, pensa-t-elle, même pour un poney à la cervelle grosse comme un petit pois.Elle le tira jusqu’à deux pas de la porte et un coup de fouet supplémentaire lui fit franchir le seuil.Comme elle le lui avait promis, à cet idiot, il faisait doux et sec à l’intérieur de la grange, même si l’air sentait le métal à cause de l’orage.Gwen attacha le poney à la barre transversale dans son box et, sans ménagement, jeta une couverture sur sa robe luisante de pluie.Sapristi, elle n’allait tout de même pas bouchonner la bête, c’était le boulot d’Amélia.Voilà le marché conclu avec sa fille au moment de l’achat du poney : la responsabilité de le panser et de ranger les affaires incomberait à Amélia ; et franchement, la fillette avait tenu sa promesse, enfin, plus ou moins.Le poney, toujours en proie à la panique, piaffait et roulait des yeux comme un mauvais tragédien.Il avait de l’écume aux lèvres.Gwen, un peu pour s’excuser, lui tapota le flanc.Elle s’était énervée.Pas étonnant en ce moment ! Mais elle le regrettait.Elle espérait seulement qu’Amélia n’avait rien vu de la fenêtre de sa chambre.Une bourrasque fit claquer la porte de la grange.Le bruit de la pluie dehors, dans la cour, fut soudain assourdi.Brusquement, il fit sombre.Le poney cessa de piaffer.Gwen cessa de lui caresser le flanc.Tout s’arrêta ; son cœur aussi, sembla-t-il.Derrière elle, une silhouette presque deux fois plus grande qu’elle se dressa, cachée par les bottes de foin.Gwen ne vit pas le géant, mais son ventre se contracta.Fichues règles ! pensa-t-elle, en se frottant lentement le bas du ventre d’un geste circulaire.D’habitude elle était réglée comme une horloge, mais ce mois-ci elle avait un jour d’avance.Il fallait qu’elle rentre se changer, se laver.Rawhead, debout, regardait la nuque de Gwen Nicholson, à l’endroit où, d’une simple pichenette bien placée, on pouvait facilement tuer.Mais pas question qu’il touche cette femme ; pas aujourd’hui.Elle était en plein cycle, il sentait l’odeur du sang, et ça lui donnait la nausée.Ce sang était tabou, et il n’avait jamais pris de femme empoisonnée par cette présence.Sachant qu’elle était mouillée entre les jambes, Gwen se précipita hors de la grange sans regarder derrière elle, et elle courut sous l’averse jusqu’à la maison, abandonnant le poney inquiet dans l’obscurité.Rawhead entendit les pas de la femme s’éloigner, il entendit claquer la porte de la maison.Il attendit, pour être sûr qu’elle ne reviendrait pas, puis il s’avança vers l’animal, se pencha et le saisit.Le poney rua et geignit, mais en d’autres temps, Rawhead avait pris des animaux bien plus gros et bien mieux armés que celui-ci.Il ouvrit la bouche.Ses gencives furent inondées de sang lorsque ses dents émergèrent, comme les griffes rétractiles d’une patte de chat.Il y en avait deux rangs de chaque côté, deux douzaines de pointes aiguisées comme des aiguilles.Elles lancèrent un éclat en se refermant sur le cou charnu du poney.Du sang frais, épais, se déversa dans le gosier de Rawhead ; il avala goulûment.La bonne saveur du monde ! Voilà qui l’emplit de force et de sagesse.Ce n’était que le premier des nombreux repas qu’il allait prendre, il se gaverait de tout ce qui lui ferait envie et personne ne l’en empêcherait, pas cette fois-ci.Et quand il serait prêt, il écarterait tous ces prétendants de son trône, il les ferait brûler dans leur maison, il égorgerait leurs enfants et porterait en collier les boyaux de leurs bébés.Ce lieu lui appartenait.Ce n’est pas parce qu’à un moment donné ils en avaient domestiqué les ténèbres qu’ils devaient se croire les maîtres de la terre.Elle était à lui, et personne ne la lui reprendrait plus, pas même un saint.Il le savait très bien.On ne le vaincrait pas une deuxième fois.Il s’assit par terre en tailleur dans la grange, les intestins gris-rose du poney lovés autour de lui, élaborant de son mieux sa tactique.Il n’avait jamais été un grand penseur.Trop d’appétit : ce qui débordait sa raison.Il vivait dans l’éternel présent de sa faim et de sa force, n’éprouvait que l’instinct primaire de possession du territoire qui, tôt ou tard, s’épanouirait en carnage.La pluie n’avait pas diminué depuis plus d’une heure.Ron Milton perdait patience ; défaut congénital qui lui avait donné un ulcère et une carrière éblouissante dans le design.On ne pouvait trouver plus rapide que Milton.Il était le meilleur ; et il détestait la négligence chez les autres autant que chez lui.Prenez cette fichue maison, par exemple.On lui avait promis qu’elle serait finie à la mi-juillet, jardin paysagé, allée tracée et tout, et voilà que deux mois après l’échéance, il en était toujours à regarder une villa loin d’être habitable.Pas de vitres à la moitié des fenêtres, pas de porte d’entrée, un terrain de cross pour jardin et un bourbier en guise d’allée.C’était censé être son château : une retraite loin du monde qui l’avait rendu riche et stressé.Un havre dépourvu des embarras de la ville, où Maggie pourrait planter ses rosiers et les enfants respirer un air pur.Sauf que la maison n’était pas prête.Flûte, à ce train-là, ils n’emménageraient pas avant le printemps.Encore un hiver à Londres ; rien qu’à cette pensée, son cœur sombra.Maggie vint le rejoindre et l’abrita sous son parapluie rouge.— Où sont les enfants ? demanda-t-il.Elle fit une grimace.— Rentrés à l’hôtel, ils font tourner Mrs.Blatter en bourrique.Enid Blatter avait supporté leur exubérance une demi-douzaine de week-ends pendant l’été.Elle-même avait eu des enfants, et elle s’occupait de Debbie et de Ian avec aplomb.Mais son inépuisable fonds de gaieté, de joie et de bonne humeur avait tout de même des limites.— Nous ferions mieux de rentrer à Londres.— Non.Restons encore un jour ou deux ! Nous rentrerons dimanche soir.Je voudrais aller à la Messe des Moissons, dimanche, en famille.Ce fut au tour de Ron de faire la grimace.— Oh, la barbe !— Ça fait partie de la vie du village, Ronnie.Puisque nous allons habiter ici, il faut bien participer à la vie de la communauté.Il pleurnichait comme un petit garçon quand il était de cette humeur [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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