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.J’ai l’impression qu’il va changer ses habitudes.— Je n’ai pas dit que l’Égorgeur n’existait pas, rétorqua Cindy.— Tu prétends seulement qu’il n’est pas mon vieux.— Pas si ton père est mort.— Oh, ça, il est aussi mort qu’une sardine en boîte.Niki pencha la tête de côté, comme si elle entendait quelque chose.Cindy en fit autant, mais ne put rien saisir.— Il y a deux solutions, reprit Niki.Soit c’est moi qui suis dingue et tout se passe dans ma tête…Et le plus effrayant, se dit Cindy, c’est qu’elle avait l’air parfaitement saine d’esprit.— Ou bien j’ai raison et il rôde quelque part par là .Et dans les deux cas, tu ferais mieux de ne pas trop traîner avec moi.— Je… je ne sais pas quoi faire, dit Cindy.— Oui, ben, moi si.Je me tire d’ici vite fait.Peut-être qu’il me suivra, peut-être que non.En tout cas, si je reste en ville, je suis foutue.Je crois que je vais courir le risque et reprendre mon chemin.Cette fois-ci, ce fut elle qui tendit la main pour réconforter Cindy.— Je sais de quoi ça a l’air, dit-elle.Sans déconner.Si j’étais toi, je m’en irais d’ici.Mais je te remercie quand même.Tu es la première qui ait vraiment voulu m’aider — enfin, sans rien demander en échange.Les mots de Niki semblaient faire écho à ce que pensait Cindy : sur la route, rien n’est gratuit.Tout le monde veut vous arracher quelque chose, une partie de vous-même.Et Dieu sait ce qui arriverait à Niki si elle la laissait partir.— Je veux toujours t’aider, dit-elle, même si je ne sais pas comment.— Ça, je veux bien le croire.Niki serra sa main ; puis elle tendit son béret à Cindy et se remit à fourrer ses vêtements dans son sac.Cindy se rapprocha de la fenêtre et regarda le paysage désolé qui s’étendait en contrebas.Ce décor semblait illustrer parfaitement ses sentiments.Lorsqu’elle se retourna, Niki avait empaqueté ses maigres biens.Elle se tenait là , au milieu de la pièce, tenant son sac par les lanières.— Viens avec moi, dit Cindy.Allons voir Jim.— Qu’est-ce qu’il peut faire ?— Je ne sais pas.Mais il connaît la ville.Il travaille pour un quotidien, il a des relations.Peut-être qu’il connaît quelqu’un qui pourra nous aider.— Qui ça ? Pas question que j’aille voir un psy.— Peut-être quelqu’un qui pourra, je ne sais pas… exorciser ton fantôme.Niki eut un sourire triste.— Quoi ? Tu me proposes un… comment on appelle ça… un placebo ? Niki croit qu’on a chassé le monstre, donc Niki redevient normale ?— Non.— Oh, arrête.Tu n’y crois même pas.Et toi, au moins, tu essaies de comprendre.Mais comment veux-tu que quelqu’un d’autre m’écoute ?— Essaie au moins de lui parler.— Je…— S’il te plaît.Niki secoua la tête.— Je ne comprends pas.Pourquoi est-ce que tu en fais tout un fromage ?— Parce que je ne veux pas rester là , inutile, pendant que tu fous ta vie en l’air, voilà tout.Tu es venue ici pour repartir à zéro, mais si tu repars sur la route, tu te retrouveras dans la même impasse et tous tes efforts n’auront servi à rien.— Ben tiens, soupira Niki.Bon, d’accord.On va voir ton pote.Mais ensuite, je fous le camp sans que tu fasses quoi que ce soit pour m’arrêter.Marché conclu ?— Marché conclu.— Décrivez-moi à nouveau ce qui est arrivé, du moins tel que vous l’avez vu, demanda Isabeau Fontenot après que Jim lui eut raconté, par bribes, ce qui s’était passé dans les Tombs la veille du soir.Elle ne ressemblait pas à l’idée que Jim se faisait d’une prêtresse vaudou.Elle n’avait rien d’une voluptueuse caricature sortie tout droit d’un film de série B.Isabeau Fontenot était une métisse d’une vingtaine d’années, mince et au physique assez ordinaire ; néanmoins, il émanait d’elle un rayonnement, un charisme qui attirait immédiatement l’attention.Elle portait une robe à fleurs rouges, vertes et jaunes, et ses cheveux étaient tressés en un millier de circonvolutions évoquant une couronne de rotin d’un noir de jais.Elle semblait dure, voire brutale, mais ses yeux d’un brun sombre promettaient des infinités de douceur à qui saurait les faire sourire.— Ah… Mademoiselle Fontenot, lui avait-il dit avec maladresse à son apparition sur le pas de la porte, un grand sac à la main.— Appelez-moi Ti Beau.C’est le nom qu’on me donne dans… ma profession.— Très bien.Ti Beau.Écoutez, je vous remercie d’être venue…Elle le dépassa et alla s’asseoir sur le canapé, posant le sac à ses pieds.Avant que Jim ait pu lui demander si elle voulait un thé ou un café, elle entra dans le vif du sujet.— Racontez-moi ce que vous avez vu.Et Jim le lui dit, puis à sa demande, il répéta à nouveau son histoire.Cette fois-ci, il fit un effort de cohérence.Pendant qu’il parlait, elle examina les photos du massacre ; lorsqu’il eut terminé son récit, elle hocha la tête.— Ce à quoi vous avez assisté n’était pas une cérémonie vaudou, dit-elle.— En tout cas, ça y ressemblait fort…— Papa Jo-el est… était un bocor — un sorcier — autant qu’un houngan.Ce rite n’avait rien à voir avec le culte ordinaire des loas.— Alors qu’est-ce qu’il pouvait bien faire ?— J’imagine qu’il invoquait un guédé.Un esprit des morts, ajouta-t-elle.— Donc… ce que j’ai vu… s’est vraiment passé ?Ti Beau acquiesça.— Bon Dieu, fit doucement Jim.L’air tranquille de la jeune femme aidait Jim à maîtriser la panique qu’il sentait monter en lui.Il inspira profondément.C’était déjà mieux.Maintenant, s’il pouvait se débarrasser de ce foutu bruit dans sa tête…Il vit que Ti Beau le regardait avec attention.— Quelque chose en vous m’intrigue, dit-elle lorsqu’il croisa ses yeux.Vous… souffrez d’un mal quelconque ?Jim opina.— Depuis le spectacle d’hier soir, j’ai comme une… voix dans ma tête.On dirait un genre de murmure
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