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.On a laissé l’automobile dans le square et on est entrés à l’épicerie.Pop a acheté huit livres de saucisse, six miches de pain et après ça, il a pris deux caisses de bouteilles de bière et des cigares.Je lui ai demandé si je pouvais avoir un bâton de sucre d’orge.Il a dit que c’était mauvais pour mes dents, mais finalement il a cédé et m’en a acheté un.On est sortis et on est remontés dans l’auto.Juste au moment de démarrer, Pop s’est subitement rappelé quelque chose.— J’allais oublier, on est à court de lard.Il faut que j’en prenne pour faire cuire les saucisses.Il est retourné chez l’épicier.Moi, j’étais resté assis dans l’auto, en train de finir mon sucre d’orge tout en regardant autour de moi dans le square.C’est à ce moment-là que j’ai vu la grosse automobile passer, avec les hommes dedans, qui portaient des panamas.Ils étaient trois et tous avaient des costumes croisés, en flanelle, comme celui du docteur Severance.L’auto avait des plaques de la Louisiane, comme la sienne ; elle avançait au ralenti et les hommes qu’étaient dedans regardaient autour d’eux et inspectaient toutes les voitures parquées le long des trottoirs.Ils ont fait le tour du square, et, au bout d’un petit moment, ils sont repassés.Comme il y avait une place libre juste devant nous, ils l’ont prise, ils sont descendus et ils sont entrés dans le restaurant, à côté de l’épicerie.Ils avançaient groupés, en regardant tous les passants sous le nez, et j’ai remarqué qu’ils avaient tous les trois cette façon bizarre de tenir leur bras gauche exactement comme le docteur Severance.Juste à ce moment-là, Pop sort de l’épicerie avec sa boîte de lard et manque leur rentrer dedans.Il s’arrête pile et les regarde en ouvrant de grands yeux.Celui qu’était de son côté se tourne un petit peu vers lui et lui dit du coin de la bouche :— Tu cherches quelqu’un, Jack ?Je vois Pop qui avale sa salive et qui répond :— Non, non, personne.Là-dessus, il se dépêche de traverser le trottoir et monte dans l’auto et on démarre comme une fusée.Les trois hommes entrent dans le café.Comme on sortait de la ville, je dis à Pop :— Ils ressemblaient un peu au docteur Severance, tu trouves pas ?— Si.Il y a peut-être un congrès médical, en ville.Sur la route, au retour, le docteur Severance attendait toujours, après le tournant de la grand-route.Comme je ne voyais Miss Harrington nulle part, c’est qu’elle devait être rentrée dans la roulotte.Pop a dit au docteur de nous suivre, et on est partis.Il n’y avait que trois kilomètres à faire, et comme la roulotte n’était pas lourde à tirer dans le sable pour la grosse automobile, on a pas été long à arriver à la barrière de barbelés et à descendre la pente vers la ferme de mon oncle Sagamore.A une centaine de mètres de la maison, Pop a stoppé sur la gauche, dans une petite clairière plate au milieu de grands arbres et d’où on voyait le lac.Il a fait signe au docteur Severance de s’arrêter et on est tous descendus.— Alors, qu’est-ce que vous en dites ? il demande au docteur.Le docteur Severance regarde tout autour de lui et ensuite vers la barrière et la route, tout en haut de la colline.De là, on ne les voyait pas, puisqu’ils étaient cachés par les arbres.— Hummm ! il fait.M’a pas l’air mal du tout.Il sort de l’argent de son portefeuille et le donne à Pop :— Voilà un mois d’avance.Mais, j’étais en train de me dire qu’il vaudrait peut-être mieux ne pas parler de nous à vos voisins.On ne sait jamais, il se pourrait qu’il y ait des règlements interdisant de camper.— C’est juste, dit Pop.Je n’avais pas pensé à ça.A ce moment, mon oncle Sagamore sort de la maison, regarde de notre côté, et commence à s’amener vers nous pour voir de quoi il retourne.Et tout d’un coup, j’entends une autre auto, qui descend la pente depuis la barrière.Au bruit qu’elle fait, elle doit filer drôlement.A pleine vitesse, elle sort des arbres et commence à faire des sauts de cabri sur le chemin, comme celle aux adjoints du shérif, en laissant derrière elle un gros nuage de poussière.Mais en voyant le docteur Severance, j’ai plus pensé à la regarder.On était plantés tous les trois devant son auto quand l’autre a débouché des arbres et tout d’un coup, il pousse un juron comme j’en ai jamais entendu.Et sans que j’aie eu le temps de le voir faire, il contourne l’auto, il se cache derrière avec juste sa tête qui dépasse, pendant que sa main plonge dans son veston.Ça s’est passé tellement vite que je n’y croyais pas et que je suis resté là à le regarder en écarquillant les yeux.L’autre auto passe, en faisant du saut d’obstacle.Elle dévale jusqu’au bas de la pente et là le bonhomme qu’est dedans, il freine et s’arrête juste devant mon oncle Sagamore.Le docteur Severance le guette en clignant des yeux, et puis il se relève.Il regarde Pop et moi, et je vois que ses yeux sont redevenus froids comme avant.— Qui c’était ? il aboie.— Heu.un voisin.répond Pop.Probablement venu emprunter quelque chose.— Ah ! bon, fait le docteur Severance, l’air soulagé.J’avais peur que ce ne soient ces sacrés reporters.Là, il se rend compte qu’il a toujours sa main dans son veston.Il la sort et secoue la tête :— Des pincements au cœur, il dit.Ça me prend de temps en temps.— Oh ! je vous plains bien, dit Pop.Ce qu’il vous faut, c’est vous relaxer, éviter de vous énerver.(Il se met à rire et se gratte la tête.) C’est bien à moi d’aller donner une consultation à un docteur !On se tourne vers la maison.Le conducteur est tout seul dans l’auto.Il descend et commence à parler à mon oncle Sagamore, en agitant les bras, l’air tout excité.Pop dit au docteur Severance :— Bon, eh ben ! préparez votre campement.Moi, je vais mettre mon frère Sagamore au courant de notre petite affaire [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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